Critique de Et Un Matin…

Je tenais à être présent à l’avant – première du nouveau spectacle de la compagnie, La vie en rouge.

J’avais, gravé dans ma mémoire, la pièce précédente, On se lève et on (se) casse.

Un montage de textes et de chansons, déclamés et chantés par les deux comédiennes, Katia Chikowsky et Anna Vandersteen, accompagnées à la guitare par Patrick Zeoli, metteur en scène.

Ce spectacle racontait les luttes passées et actuelles, qu’elles soient féministes, anti-coloniales ou celles de travailleur.euse.s.

Il commençait par la chanson interprétée en duo, la Commune est en lutte, de Jean-Roger Caussimon : « Les valets des tyrans étaient en plus grand nombre. Il a fallu nous rendre, on va nous fusiller. Mais notre cri d’espoir qui va jaillir de l’ombre, le monde va l’entendre et ne plus l’oublier […]. De notre sang versé, la Liberté va naître. La Commune est en lutte et nous sommes vainqueurs ! »

J’étais dans le bain, impatient de voir et entendre la suite !

Nouveau spectacle : Et un matin tout était en flammes !

Le même duo des comédiennes de la vie en rouge, avec le metteur en scène de la compagnie amateure.

Même conception du spectacle : montage de chansons et de textes faisant le lien entre la montée de l’extrême droite aujourd’hui et celle du nazisme dans les années 30.

Même spectacle coup de poing qui ne laisse pas indifférent, qui suscite le débat.

La scène : même type de décor sobre, saisissant, laissant un souvenir indélébile !

Un grand panneau avec les visages d’Hitler, Hermann Goering…, mais aussi quelques grands patrons industriels qui ont financé le parti nazi et ont tiré profit de ce régime mortifère : Krupp, Bayer, Opel, Siemens Telefunken…

L’ouverture d’une valise pleine de livres d’auteurs juifs, pacifistes, communistes, qui s’amoncellent pêle-mêle sur la scène. Auteurs pointés par les nazis comme des dépravés, des corrompus, organisant des autodafés salués par des foules en liesse, le bras tendu.

Évocation du bruit des portes des wagons que les nazis ouvraient à l’arrivée des juifs dans les camps de la mort. Sur la scène, un tas d’habits, de chaussures, évoquant la macabre vision qui nous reste après la visite du camp d’Auschwitz : pour ne pas oublier !

Neuf millions de morts hantent les camps : six millions de juifs, trois millions d’opposants politiques, des Tziganes, homosexuels, handicapés…

Des familles entières quittent tout pour rejoindre la France, la Suisse, l’Angleterre, les États-Unis… Mais le continent devient une carte compliquée, de passage, de barrages, de frontières fermées.

On les appelle les « Indésirables » ! Il faut s’en débarrasser !

Tiens ! Ne serait-ce pas aujourd’hui les « Sans-papiers » !

Denis Horman